À l’initiative du gouvernement, une commission d’experts s’est penchée sur les impacts de l’exposition des enfants aux écrans. Le rapport a été publié le 30 avril 2024. En voici un résumé rapide.
Quels sont les usages ?
Equipements numériques
D’après le baromètre du numérique 2022 , les foyers français sont équipés en moyenne de 10 appareils numériques avec écrans :
Equipement | Appareils par foyer |
---|---|
Téléphones | 2,85 |
Téléviseurs | 2,13 |
Ordinateurs | 1,99 |
Tablettes | 1.27 |
Console de jeu | 1.07 |
Montre connectée | 0.71 |
Les enfants ont donc un accès aisé aux écrans et en ont des usages importants.
Durée d’exposition aux écrans
Selon l’étude INCA 3 conduite par l’ANSES, voici la durée d’exposition aux écrans :
Tranche d’âge | Durée d’exposition aux écrans par jour |
---|---|
3-6 ans | 1h47 |
7-10 ans | 2h28 |
11-14 ans | 3h38 |
15-17 ans | 4h50 |
Autonomie
L’enquête e-Enfants menée par Toluna-Harris montre que les enfants commencent à utiliser internet seuls en moyenne à 6 ans et 10 mois.
Conséquences sur la santé
Le sommeil
Il existe un clair consensus scientifique sur l’effet néfaste des écrans sur le sommeil ( Enquête INSV/MGEN 2020 : Le sommeil des français en 2020 )
Cela peut s’expliquer par :
- Usages tardifs des écrans qui repousse l’heure du coucher (source : Les pratiques numériques des 11-18 ans , Génération Numérique)
- Consultation de l’heure ou de notification sur le smartphone (éveil cognitif)
La sédentarité
De même, il est prouvé que l’exposition aux écrans conduit à des situations de sédentarité qui peuvent être préoccupantes. La sédentarité conduit à un manque d’activité physique d’où découlent de nombreux problèmes : obésité, troubles cardiaques…
Les études de l’ANSES montrent comment les écrans conduisent à la sédentarité.
Âge | Garçons | Filles |
---|---|---|
0-3 ans | 33 % | 33% |
3-10 ans | 33% | 66% |
11-17 ans | 20% | 50% |
Pourcentage des jeunes considéré.e.s comme sédentaires par l’ANSES
Problèmes de vue
Aucune étude ne semble avoir réussi à correctement lier l’exposition aux écrans à la myopie ( source ).
Toutefois, l’usage intérieur des écrans réduit les activités extérieures et l’exposition à la lumière naturelle qui permet de contrer le développement de la myopie ( source ).
De plus, à haute dose, la lumière des écrans LED a des conséquences prouvées sur la rétine .
Usages problématiques
Certains enfants ont des usages des écrans qui sont nocifs :
- La présence des écrans sur les enfants de moins de 4 ans peut altérer la quantité et la qualité des interactions avec leurs parents . Cela peut engendrer des troubles émotionnels et un retard du langage.
- L’utilisation abusive des réseaux sociaux peut aggraver les situations avec des risques existants (dépression, anxiété…)
- Il est actuellement difficile de maîtriser les contenus (violence, pornographie…) auxquels les enfants ont accès ce qui peut les exposer à des risques sur leur équilibre.
Problèmes sans preuve scientique
Il existe des effets néfastes à surveiller même si les effets ne sont pas encore prouvés scientifiquement :
- problèmes liés à l’exposition aux ondes électromagnétiques
- problèmes liés à la présence de substances reconnues comme perturbateurs endocriniens
- conséquences sur le neurodéveloppement des enfants
- notion d’addiction aux écrans
Par mesure de précaution, la commission recommande des actions préventives contre ces effets.
Mesures existantes
La commission a listé les mesures existantes visant à protéger les enfants des effets néfastes de l’exposition aux écrans (RGPD, DSA…), mais il est regretté que :
- les recommandations sont trop diversifées et manquent d’harmonie ce qui conduit à une confusion
- les règles stipulent ce qu’il ne faut pas faire, mais n’expliquent généralement pas le comment ou le pourquoi
- de belles actions locales existent mais restent isolées.
Recommandations
Afin de protéger les enfants des effets néfastes des écrans, la commission a ensuite proposé une série de 29 recommandations catégorisées autour de six axes :
- interdire les conceptions addictogènes
- protéger plutôt que contrôler les enfants
- organiser une progression des usages numériques
- préparer les jeunes à leur autonomie numérique
- outiller et préparer les parents et enseignants
- mise en place d’une stratégie publique
Quelques exemples de recomandations :
- Proscrire les pratiques délétères en termes de conception et faire émerger un standard éthique européen
- Organiser une prise en main progressive des téléphones :
- pas de téléphone avant 11 ans
- à partir de 11 ans, téléphone sans internet
- à partir de 13 ans, téléphone connecté, sans accès aux réseaux sociaux ni aux contenus illégaux
- à partir de 15 ans, accès aux réseaux sociaux éthiques
- Renforcer l’éducation à la santé, et spécifiquement :
- aux enjeux du sommeil.et assumer en conséquence d’ouvrir la réflexion pour une meilleure adaptation des organisations scolaires aux besoins physiologiques des jeunes
- aux risques liés à la sédentarité et à l’insuffisance d’activité physique, et en conséquence mieux mobiliser les cours d’éducation physique et sportive pour un suivi renforcé des enfants
- aux risques concernant la vue en multipliant les occasions de temps en extérieur
Aller plus loin
- Vous pouvez consulter le rapport complet disponible sur le site vie-publique.fr
- Je vous invite également à consulter les sources de cette étude disponibles dans cet article et directement mentionnées dans le rapport