Cet article fait partie de la série sur les crises environnementales, il aborde les émissions de particules.
De quoi parle-on ?
Certaines activités humaines émettent de petites particules qui restent en suspension dans l’air. Ces particules peuvent être :
- émises directement. On parle alors de particules primaires
- issues de réactions avec des polluants précurseurs (SO2, NOx, NH3…) On remarquera que les polluants précurseurs sont également tous responsables de l’acidification. On parle ici de particules secondaires.
- remises en suspension par un souffle (chantiers, trafic routier…)
Les principaux secteurs responsables des particules sont :
- les usages domestiques notamment le chauffage avec la combustion de bois, charbon, ou fuel
- le transport (usure des freins, pneus, routes et échappements des moteurs thermiques)
- la gestion des déchets (incinération)
- l’agriculture (labour, moisson…)
- l’industrie
Secteur | Émissions PM2.5 |
---|---|
Usages domestiques | 129,1 Gg |
Traitement des déchets | 17.3 Gg |
Industrie | 12.5 Gg |
Agriculture | 11.7 Gg |
Énergie | 1.9 Gg |
Transport | 1.9 Gg |
Autres | 4.7 Gg |
Émissions de particules fines primaires en France en 2021 (source : EEA )
Quel est le problème ?
Effets sur la santé humaine
Les particules sont nocives pour la santé. Leur impact diffère en fonction de leur taille :
- Particules
- Code : PM10
- Taille : moins de 10 µm
- Impact : elles peuvent être respirées et affecter les voies supérieures (nez, bouche)
- Particules fines
- Code : PM2.5 et PM1
- Taille : moins de 2,5 µm
- Impact : elles peuvent pénétrer dans les alvéoles pulmonaires
- Particules ultrafines
- Code : PM0.1
- Taille : moins de 0,1 µm
- Impact : elles peuvent pénétrer dans le sang et donc dans le corps entier
Ensuite, en fonction de leur composition chimique, l’exposition chronique aux particules peut avoir des répercussions sanitaires plus ou moins graves :
- irritations
- aggravation de problèmes respiratoires existants (asthme, allergies, bronchites…)
- hausse du risque de maladies respiratoires et cardio-vasculaires
- Cancers pulmonaires
- Mais aussi diabète, maladies neurodégénératives… ( source )
40 000 décès par an et près de 8 mois d’espérance de vie perdus en lien avec l’exposition aux particules fines (en France)
Estimation de Santé publique France .
Effets sur le climat
Lorsque l’on parle de l’effet des particules sur le climat, on nomme ces dernières des aérosols.
Comme nous l’avons vu dans l’article sur le dérèglement climatique, les activités humaines ont tendance à réchauffer notre planète.
Certains aérosols (dits absorbants) vont amplifier ce réchauffement. C’est le cas par exemple de la suie. Mais l’effet le plus important des aérosols est de limiter la quantité d’énergie qui atteindra la planète. On parle d’aérosols diffusants (sulfate, carbone organique…). Ces particules réfléchissent une partie des rayonnements solaires. Cet effet est décuplé avec l’interaction des particules avec les nuages.
Ils vont donc avoir une contribution négative au forçage radiatif et permettre de limiter le réchauffement climatique.
Mais vu l’effet sur la santé humaine, ce n’est clairement pas une solution pour endiguer le dérèglement climatique (en tout cas, pas avec les particules que l’on émet actuellement).
Où en sommes-nous ?
En France
En France, la législation est de plus en plus stricte au niveau des particules. On peut voir une large réduction des émissions PM1.0, PM2.5, PM10 et de carbone suie (BC) entre 1990 et 2023.
Émissions de particules en France (source : Citepa )
La mesure des émissions
Les données en France sont réjouissantes, mais la mesure n’est pas totalement satisfaisante. En effet, on se rend compte que les émissions de particules sont mesurées en tonnes. Or toutes les particules n’ont pas le même effet sur la santé humaine. Notamment les particules les plus fines sont les plus nocives, mais il y a également de grosses différences en fonction de leur composition.
L’incidence des maladies
C’est pour cela que l’UNEP (Progamme des Nations Unies pour l’Environnement) recommande d’utiliser une méthode de quantification basée sur le nombre de maladies potentielles dues aux émissions de particules.
Concrètement à chaque type d’émissions est associé un nombre potentiel de maladies en fonction :
- de la composition
- de la taille de la particule
- du lieu d’émission
Le JRC (Joint Research Centre) européen impose une limite planétaire à 516 000 maladies par an.
Aerosol optical depth
Le Stockholm Resilience Centre qui suit les 9 limites planétaires a décidé de quantifier les émissions de particules différemment avec l’indicateur AOD (Aerosol optical depth).
Le choix de cet indicateur montre que le SRC s’intéresse davantage à l’impact des particules sur le climat qu’à leur impact sur la santé.
La limite est fixée à 0.1. La moyenne observée sur Terre est de 0.076, ce qui veut dire que nous sommes encore dans une zone respectable. Toutefois, le SRC précise bien que la limite est dépassée régionalement à certains endroits sur Terre.
Voir l’ étude complète du Stockholm Resilience Centre.
Quelle est la place du numérique ?
D’après une étude ADEME-ARCEP , on arrive à 1 140 maladies causées par les émissions de particules liées aux usages numériques en France pour l’année 2020.
Cela représente environ 20% du budget soutenable du JRC. C’est clairement trop puisqu’il faut que les autres secteurs puissent également fonctionner.
Les terminaux concentrent le plus gros impact en termes d’émissions de particules quand on considère les usages numériques en France. On note que l’usage et la fabrication sont équivalents.
Que peut-on faire ?
Combustion de bois
On peut constater que les usages domestiques et notamment le chauffage sont la principale source d’émissions de particules en France. Le chauffage au bois est particulièrement néfaste. C’est dommage parce qu’il s’agit d’une méthode qui émet peu de gaz à effet de serre. 25% des ménages en France sont équipés d’un système de chauffage au bois ( source ).
Il vaut peut-être mieux donc utiliser une pompe à chaleur pour se chauffer. Cela permet de largement diminuer les émissions de particules tout en limitant également les émissions de gaz à effet de serre .
À défaut de changer de système de chauffage, il est possible d’installer des filtres à particules pour limiter leurs émissions.
De même, la combustion des déchets végétaux du jardin émet énormément de particules.
Sobriété
Voici quelques écogestes qui permettent de limiter les émissions de particules :
- réduire la température du chauffage
- limiter les ordures ménagères
- consommer des aliments issus d’une agriculture raisonnée
- limiter les achats de produits issus de l’industrie (notamment numérique)
Pour aller plus loin
Je vous invite vivement à consulter ces deux articles qui complètent très bien ce que vous venez de lire :
- La pollution de l’air de l’ADEME
- Pollution Action Note – Data you need to know de l’UNEP
Sources :
- La pollution de l’air par les particules (PM10 et PM2,5) du Ministère de la transition écologique
- Particules dans l’air et risque de cancer d’un centre de lutte contre le cancer
- Qualité de l’air : Sources de pollution et effets sur la santé du ministère de la Santé
- L’indicateur d’impact ‘Particules fines’ de Karbon
- Particules en suspension de Wikipedia
- Pollution de l’air ambiant : nouvelles estimations de son impact sur la santé des Français de Santé publique France
- National air pollutant emissions data viewer 2005-2021 de l’agence Européenne pour l’Environnement
- Données d’émissions Secten de Citepa