Les annonces s’enchaînent ! Après le Schleswig-Holstein en avril, ce sont le Danemark et la ville de Lyon qui déclarent abandonner progressivement les outils de Microsoft (Windows, Office, Outlook) au profit de logiciels libres (Linux, Libre Office).
Les risques des outils américains
Contexte géo-politique
Ces annonces arrivent dans un contexte géo-politique tendu. On voit notamment que les conditions commerciales avec les États-Unis peuvent changer rapidement (notamment avec l’expérience des droits de douane). On a pu voir notamment les gouvernements successifs agir très rapidement, notamment pour se préserver d’entreprises chinoises :
- Huawei : l’entreprise chinoise est mise sous pressions depuis 2019 avec notamment une limitation aux technologies américaines (accès Play Store, Qualcomm, Intel). Résultat : entre 2021 et aujourd’hui l’entreprise a divisé sa valeur par plus de 10.
- Tik Tok : depuis son arrivée au pouvoir Trump souhaite contraindre la vente de Tik Tok US à des investisseurs américains
Dans ces conditions, il est difficile de se projeter sur ce que pourraient être de futures sanctions commerciales des États-Unis. Leurs outils sont devenus tellement centraux pour nos usages numériques qu’ils pourraient bien devenir un levier important en cas de crise politique entre l’Europe et les États-Unis.
Cloud Act
Les entreprises américaines sont soumises au Cloud Act qui les contraignent à donner accès aux données hébergées sur leurs serveurs (même en dehors des États-Unis) aux autorités américaines dès lors qu’elles disposent d’un mandat.
Cette loi fait l’objet de nombreuses critiques notamment à cause de son incompatibilité avec la réglementation européenne (RGPD). Pourtant, elle a été saluée par le président de Microsoft dans un communiqué officiel .
La présidence de Donald Trump semble être lancée sous le signe de l’agressivité comme en témoignent les premiers mois et la photo officielle du président (en-bas). Il est vraisemblable que les autorités fassent jouer le Cloud Act si le besoin s’en fait sentir.

Donald Trump semble vouloir nous garder à l’œil…
Problèmes d’obsolescence
Outre les tensions géo-politiques, Microsoft en particulier est la cible de critiques concernant sa politique de mise à jour de son système d’exploitation Windows.
L’arrêt des mises à jour de Windows 10 va rendre obsolètes 240 millions d’ordinateurs à travers le monde. Leur renouvellement pourrait provoquer plus de 37 millions de tonnes de CO2eq soit l’équivalent de près de 5 millions de tours du monde en voiture thermique.
Ces coûts environnementaux et financiers peuvent être évités en choisissant un éditeur de logiciel plus respectueux de ses utilisateur/trices et de la planète.
Les alternatives libres
Dans ces conditions, on peut voir que de plus en plus d’organisation décident de ne plus faire confiance à Microsoft et misent leur avenir sur les logiciels libres.
Les logiciels libres sont maintenus par des collectifs qui mettent leur temps et leurs compétences à disposition du bien commun. Le code des applications produites est ainsi ouvert à tous pour la consultation, modification et ré-emploi.
Outre les organismes cités en introduction, on notera également que la Gendarmerie Nationale et la bourse de New-York fonctionnent avec Linux depuis 2008 (et la fin du support de Windows XP).
Ces initiatives prouvent que s’affranchir du quasi-monopole logiciel des GAFAM est quelque chose de possible même à l’échelle de très larges organisations.
Le passage aux logiciels libres est le choix le plus rationnel. Il permet de :
- conserver la maîtrise et la souveraineté de son système de logiciel par rapport aux éditeurs étrangers (et à leurs gouvernements)
- garantir le respect de vos données privées et une transparence sur le fonctionnement du logiciel (code ouvert)
- limiter les coûts (souvent sans licences)
- permettre une plus grande flexibilité (par exemple la gendarmerie nationale a créé un système d’exploitation dédié à leurs usages et modifiant Ubuntu)
- limiter le renouvellement des terminaux et de ses impacts économiques et environnementaux (lorsqu’un éditeur décide de ne plus maintenir un logiciel)
Et vous ?
Que ce soit à l’échelle de votre organisation ou à l’échelle personnelle, c’est une bonne idée de considérer l’usage de logiciels libres. Les logiciels ne sont pas forcément exactement identiques à ceux que vous utilisez actuellement, mais en gardant l’esprit ouvert, vous pourriez les adopter rapidement.
La plupart des outils numériques du quotidien possèdent des alternatives libres. Voici quelques exemples :
Usage | Outils populaires | Alternative libre |
---|---|---|
Système d’exploitation desktop | Windows, MacOS | Linux Ubuntu |
Système d’exploitation mobile | Android, iOS | LineageOS |
Traitement de texte, tableur | Microsoft Office | Libre Office |
Outlook, GMail | Proton | |
Micro-blogging | Mastodon | |
Édition photo | Photoshop | GIMP |
Sauvegarde de fichiers | Google Drive | Nextcloud |
Itinéraires | Google Maps | Open Street Maps |
Messagerie | Signal | |
Messagerie de groupe | Slack | Mattermost |
Navigateur internet | Chrome | Firefox |
Si cette liste ne vous suffit pas, je vous invite à consulter le site AlternativeTo qui permet de trouver une alternative aux outils de votre quotidien. N’oubliez pas de préciser que vous voulez des alternatives libres ou Open Source.
Sinon, vous avez également Framalibre qui peut vous guider vers des solutions libres ainsi que le Comptoir du Libre .
J’ai fait une grande bascule il y a 6 mois. Je suis ravi d’avoir franchi ce pas.