Cet article fait partie de la série concernant les crises environnementales, il aborde la formation d’ozone photochimique au niveau de la troposphère.
Les multiples facettes de l’ozone
Nous avons déjà parlé de l’ozone à plusieurs reprises dans ce blog. Pour prendre une image cinématographie, on peut dire qu’il y a trois ozones :
- Le bon : il s’agit de l’ozone stratosphérique qui nous protège des rayons ultra-violets
- la brute : il s’agit du rôle de l’ozone participant au dérèglement climatique
- le truand : c’est l’ozone photochimique dont nous allons parler dans cet article.
L’ozone serait-elle à l’environnement ce que Clint Eastwood est au cinéma ?
Quel est le problème ?
L’ozone troposphérique, c’est-à-dire à moins de 10 km d’altitude est néfaste pour la santé humaine et pour les écosystèmes.
Effets sur la santé humaine
Voici quelques conséquences de l’ozone :
- irritations des yeux ou des voies respiratoires
- baisse des performances physiques
- œdèmes pulmonaires dans les cas les plus graves
- hausse du risque de maladies respiratoires
Effets sur les végétaux
Au niveau de la troposphère l’ozone perturbe la photosynthèse des plantes. Pour rappel, la couche d’ozone (à plusieurs dizaines de kilomètres d’altitude) protège des rayonnements ultra-violets qui nuisent également à la photosynthèse. En fonction de l’altitude, l’ozone préserve ou nuit donc à la flore.
Au-delà de la photosynthèse, les plantes peuvent également absorber l’ozone, ce qui provoque des dégâts visibles sur leurs feuilles et nuit à leur croissance.
Crédit photo : Pat Temple , U.S. Forest Service
Formation de smog
La présence d’ozone troposphérique élevée cumulée à la présence de particules peut provoquer des smogs (ou fumards).
Les effets néfastes de l’ozone et des particules sont alors particulièrement importantes.
Comment se forme l’ozone troposphérique
Formation d’ozone photochimique
L’essentiel de la pollution par l’ozone résulte de réactions chimiques complexes qui ne se produisent que par forte chaleur.
Les activités humaines émettent des gaz précurseurs dont :
- les oxydes d’azote (NO et NO2) issus de combustions
- les composés organiques volatils produits par l’industrie (peintures, colles, enduits vernis…)
Formation d’ozone directe
Il est question dans cet article d’ozone photochimique, évoquée plus haut. Mais les activités humaines sont aussi responsables de formation directe d’ozone (dans une proportion bien moins importante que l’ozone photochimique).
L’ozone peut se former au niveau des lignes à haute tension ou produite par des moteurs électriques.
Comment mesure-t-on la formation d’ozone photochimique ?
Pour mesurer l’impact des activités humaines sur la formation d’ozone photochimique, nous utilisons le modèle ReCiPe qui mesure l’ensemble des précurseurs en utilisant l’indicateur kg NMVOCeq. NMVOC signifie Composés Organiques Volatils Non Méthane.
Entité | NMVOC eq |
---|---|
Oxyde d’azote | 1 kg |
Monoxyde de carbone | 45,6 g |
Acide acétique | 164 g |
Quelques exemples d’impact sur la formation d’ozone photochimique pour un kg d’émission
La limite planétaire proposée par le JRC (Joint Research Centre) est de 407 millions de tonnes NMVOC eq.
Où en est-on ?
En Île-de-France
D’après AirParif , à Paris, les émissions de COVNM ont largement réduit en passant de près de 15 000 tonnes COVNM en 2005 à moins de 7 000 tonnes COVNM en 2021. On a donc divisé les émissions par 2 en 16 ans.
En France
D’après Citepa , en France, les émissions de COVNM ont largement réduit en passant de plus de 2,5 millions de tonnes COVNM en 1991 à moins de 0,6 million de tonnes COVNM en 2018.
On a donc divisé nos émissions par presque 5 en moins de 30 ans.
En Chine
En Chine, les émissions stagnent ces dernières années.
Année | Émissions NMVOC |
---|---|
1990 | 9,8 Tg |
2000 | 14,5 Tg |
2005 | 20,3 Tg |
2010 | 25,1 Tg |
2015 | 28.4 Tg |
2017 | 28.5 Tg |
Émissions de gaz précurseurs d’ozone troposphérique en Chine ( source ) en Tg (= 1 million de tonnes)
Si la Chine a la même stratégie qu’avec les émissions de gaz acidifants , on peut espérer que leurs émissions de gaz précurseurs d’ozone troposphérique vont largement baisser dans les prochaines années.
Quelle est la place du numérique ?
D’après une étude ADEME-ARCEP , le numérique en France est responsable de 42 200 t NMVOCeq.
Deux tiers de cette pollution viennent de la fabrication des terminaux.
Cela représente moins de 1% de la limite planétaire. On peut donc dire que le numérique a un impact relativement faible sur la formation d’ozone.
Que peut-on faire ?
Pour réduire son impact sur la formation d’ozone photochimique, il convient de limiter l’usage de produits solvatés :
- peintures
- colles
- produits pharmaceutiques
Il convient aussi de limiter les déplacements en véhicules motorisés (surtout les deux-roues).
Il faut également limiter la consommation de biens issus de l’industrie :
- traitement des métaux
- imprimerie
- certains produits alimentaires
Pour aller plus loin
- L’ozone et la pollution photochimique en 5 points d’AtmoSud.
- Regionalized life cycle impact assessment of air pollution on the global scale: Damage to human health and vegetation de Rosalie Van Zelm
- Acidification, Eutrophisation et pollution photochimique de Citepa
- Composés organiques volatils de AirParif
- Ecouter un tube d’O-zone sur Spotify