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SIMBIOS
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Cet article fait partie de la série concernant les crises environnementales, il aborde les effets de changement d’affectation des sols et de la qualité environnementale des terres.

De quoi parle-t-on ?

Sur la planète, nous avons des paysages variés qui ont chacun un rôle à jouer dans l’écosystème général. Un champ, une forêt, un désert ou encore une ville n’abritent pas la même biodiversité, ne stockent pas la même quantité d’eau ou encore n’ont pas la même capacité de photosynthèse.

Quel est le problème ?

L’humanité s’élargissant de décennie en décennie, les activités humaines utilisent une part de plus en plus importante de sols. Les forêts sont parfois brûlées pour être transformées en champs, les villes s’étendent de plus en plus en grignotant sur les paysages naturels.

Ces modifications altèrent les capacités :

  • à abriter l’ensemble de la biodiversité (BP)
  • de perméabilité du sol (MF)
  • de stockage de l’eau (GR)
  • à résister à l’érosion ((ER))

Impact sur la biodiversité

Lorsque l’on décide de transformer une forêt en terres agricoles, on détruit l’habitat de l’ensemble de la biodiversité qui s’y trouve.

D’ailleurs, c’est le changement d’utilisation des terres qui est la principale source de la perte de la biodiversité ( source ).

Perméabilité des sols

La perméabilité des sols permet à l’eau de s’infiltrer plutôt que de ruisseler. Cela vient accélérer le cycle de l’eau et donc nuit à nos potentiels usages. De plus, les sols imperméables permettent à l’eau de rester en surface ce qui augmente le risque d’inondations.

Stockage de l’eau

Une fois que l’eau s’est infiltrée, il faut encore que le milieu soit capable de la stocker. Or, en fonction du type de territoire, les sols n’ont pas la même capacité à retenir l’eau.

Résistance à l’érosion

Les sols peuvent plus ou moins résister aux intempéries. L’érosion augmente les risques de glissement de terrain.

Comment mesure-t-on la qualité des terres ?

Mesure orientée dommage

Une autre méthode utilisée pour quantifier la qualité environnementale s’appelle LANCA ou encore Soil Quality Index (index de qualité du sol). Elle prend en compte les quatre catégories mentionnées plus haut et les agrègent en un seul indicateur sans unité (parfois on parle en points).

Plus le score est haut plus l’impact environnemental est important. Il faut donc avoir le score le plus bas. L’équipe qui a mis en place cet indicateur nous le propose pour différents types d’usages des sols :

La qualité environnementale d'un sol artificialisé est de loin la plus mauvaise.

Les différents impacts au Soil Quality Index pour différents types d’usages terrestres ( source )

La perméabilité des sols artificiels en fait le pire usage d’un point de vue environnemental. On peut se rendre compte que les champs sont moins intéressants que les sols naturels, notamment dû à leur faible résistance à l’érosion.

Toutefois, cette mesure bénéficie d’un consensus qui est relativement récent. Presque aucune étude ne l’inclut dans ses résultats.

Mesure orientée problème

Une mesure proposée par le Stockholm Resilience Centre qui est à l’origine des Neuf limites planétaires, consiste à comparer la surface qu’occupent les forêts à l’échelle mondiale. On compare cette surface avec la surface qu’occupaient les forêts en 1700 et on obtient un pourcentage. Cette mesure se concentre principalement sur les forêts puisque ce sont ces dernières qui sont le principal moteur de la biodiversité.

Les mesures sont réalisées grâce à des prises de vues satellites. On différencie alors les forêts en fonction du climat de la région où elles se trouvent :

  • boréales
  • tempérées
  • tropicales

Où en est-on ?

Dans le monde

Région Limite planétaire Mesures en 2023
Tropicale 85 % Am: 83.9%, Af: 54.3% As: 37.5%
Tempérée 50 % Am: 51.2%, Eu: 34.2%, As: 37.9%
Boréale 85 % Am: 56.6% Eu-As: 70.3%
Moyenne 75 % 60 %

Surfaces terrestres recouvertes par les forêts d’après le Stockhlom Resilience Centre .

  • Af : Afrique
  • Am : Amérique
  • As : Asie
  • Eu : Europe

Autant dire que nous avons largement dépassé le seuil planétaire. La vaste majorité ( près de 90 % ) de la déforestation vient de l’agriculture.

En France

Type Part du territoire français Variations entre 2012 et 2018
Agriculture 59.0 % - 0.11 %
Forêts 26.1 % - 0.74 %
Espaces naturels 8.9 % + 2.06%
Territoires artificialisés 6.0 % + 1.3 %

En France, près de deux tiers (59%) du territoire est occupé par l’agriculture.( source )

Un effort est réalisé pour réduire l’artificialisation des sols et pour augmenter la part des forêts. De manière générale, nous pouvons considérer que la surface boisée française est satisfaisante ( probablement supérieure à son état en 1700 ).

L’empreinte écologique des imports français

Au-delà de ce qui se passe sur notre territoire, nous sommes aussi responsables de l’empreinte au sol des biens que nous importons.

La France importe de larges quantités de papier, bois ou huile de palme qui sont souvent issues de la déforestation. D’après WWF , les importations françaises sont responsables de plus de 15 millions d’hectares de forêts soit plus du quart de la superficie du pays.

Pour limiter cet impact indirect, le ministère de l’Écologie a mis en place un une stratégie de lutte contre la déforestation importée .

Quelle est la place du numérique ?

Le numérique vient apporter également sa contribution dans les changements d’usages de sols. Comme souvent dans les impacts environnementaux du numérique, c’est principalement les phases d’extraction et de raffinage qui en sont les causes.

Certains espaces naturels sont sacrifiés, dès lors qu’ils contiennent quelque métal rare indispensable à la fabrication de nos terminaux. L’implatation d’une mine vient directement détruire des forêts ou des terres agricoles (qui seront donc elles-mêmes délocalisées sur d’autres territoires naturels).

L’activité minière détruit la couche végétale ainsi que la couche de terre fertile. Elle ne laisse généralement aucune végétation derrière elle, même après la fin de son exploitation.

Que peut-on faire ?

Alimentation

Comme on l’a vu l’essentiel de l’impact est dû à l’agriculture. Il convient donc de choisir une nourriture qui sollicite peu d’usage des sols. Voici quelques ordres de grandeur :

Produit Soil Quality Index (par kg)
Côte de boeuf 1930 pt
Chocolat au lait 516 pt
Comté 325 pt
Viande de poulet 244 pt
Pâtes sèches 220 pt
Oeuf 211 pt
Baguette de pain 64 pt
Riz blanc 64 pt
Raisin 23 pt
Pomme de terre 20 pt
Tomate 2 pt

Les produits agro-alimentaires n’ont pas le même impact sur nos sols (source : Agribalyse )

Habitation / jardin

Vous pouvez également avoir un impact en essayant de limiter l’empreinte sol de votre habitation. Un immeuble prendra moins d’espace au sol par habitant qu’une maison individuelle.

Si vous optez pour une maison, vous pouvez vous assurer de maximiser la perméabilité des surfaces non bâties.

Pour aller plus loin

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