Quand on entend parler de numérique responsable, on entend souvent des définitions différentes en fonction des gens ou organismes qui en parlent. Je note d’ailleurs une confusion assez récurrente entre le Green IT et le numérique responsable.
Dans un premier temps, je vous propose ma manière de présenter le numérique responsable. Dans un deuxième temps, je présenterai les différentes visions proposées par d’autres organismes.
Les thématiques du numérique responsable
Le numérique responsable est une démarche qui vise à rendre le numérique compatible avec les objectifs de développement durable fixés par l’ONU.
Cela peut prendre deux formes :
- diminuer au maximum les impacts négatifs que peuvent générer les technologies numériques
- utiliser le numérique comme outil pour rendre le monde meilleur
Diminuer les impacts négatifs du numérique
Sobriété numérique ou le Green IT
Le numérique a un impact fort sur l’environnement. Cela est dû à une forte consommation d’énergie mais également à l’extraction et au raffinage des matières premières souvent réalisés sans souci de préservation de l’environnement (consommation en eau, rejet des déchets toxiques en pleine nature…).
La fabrication et la gestion de la fin de vie de nos appareils numériques se font souvent aussi dans des conditions humaines catastrophiques (métaux de conflits, travail d’enfants, conditions sanitaires de travail dangereuses…)
Si très peu d’entreprises peuvent améliorer les conditions de fabrication de nos terminaux, il est tout de même possible de réduire ces impacts sociaux et environnementaux en faisant preuve de sobriété numérique.
Ainsi, les objectifs du Green IT sont :
- de réduire la consommation énergétique des services mis en place (terminaux, serveurs et réseaux)
- de réduire la production de nouveaux terminaux numériques
- de favoriser la réutilisation ou le recyclage des terminaux en fin de vie
On peut appliquer ces principes au sein d’un système d’information (l’ensemble des outils numériques permettant à une entreprise de réaliser ses opérations) ou au sein d’un service numérique (site, application…). Lorsque ces principes sont appliqués à un service numérique, on appelle cela l’éco-conception.
Usages raisonnés
Les usages numériques peuvent avoir des implications directes sur notre santé mentale. C’est particulièrement le cas pour les enfants, comme le montre ce rapport gouvernemental.
Les usages numériques peuvent avoir des répercussions sur le sommeil, la sédentarité, la vue ou peuvent aggraver des situations à risques (dépressions, anxiété…)
Cela peut prendre des formes diverses :
- l’infobésité
- la désinformation
- les dark patterns
- le syndrome FOMO (fear of missing out : on ne quitte plus les réseaux sociaux de peur de passer à côté de leurs contenus)
- l’accentuation des biais de confirmation
- la commericialisation des données personnelles
Des outils pour toutes et tous
Les outils numériques doivent prendre en compte l’ensemble des personnes qui peuvent être amenées à les utiliser. En France, une personne sur six ne peut utiliser les outils numériques. On parle de fracture numérique.
Il convient donc d’être attentif à proposer des solutions pour permettre à ces personnes d’utiliser l’ensemble des services de manière autonome.
Cela peut passer par :
- simplifier l’interface pour la rendre plus facile à prendre en main
- mettre en place les bonnes pratiques d’accessibilité
- travailler les textes pour les rendre inclusifs
- proposer des alternatives non numériques
Utiliser le numérique comme outil pour rendre le monde meilleur
Il existe de nombreux exemples de services numériques qui participent aux objectifs de développement durable. Voici quelques exemples :
- Be my eyes permet à des mal-voyants d’appeler des bénévoles pour les aider dans des tâches simples pour une personne qui voit bien.
- Too good to go permet d’éviter le gaspillage alimentaire.
- Yuka permet de connaître l’impact des produits alimentaires sur la santé
- Kiva permet de financer des projets entrepreneuriaux dans des pays en développement.
- Opti-conduite est un logiciel qui a permis aux trains de réduire leur consommation énergétique d’environ 10%.
Lorsque ces applications permettent de préserver l’environnement, on parle d’applications éco-responsables.
Différentes visions
En fonction de ce que souhaitent mettre en avant les différents organismes, les définitions peuvent varier. Il est souvent proposé de découper le numérique responsable en plusieurs catégories ou piliers.
La définition partagée par la BPI et le label NR
Le Label NR et la BPI définissent le numérique responsable avec 3 axes :
- le Green IT
- l’IT for Green
- l’éco-conception des appareils et services numériques
On voit ici que les aspects sociaux sont oubliés. Dans cette démarche, il me semble que la catégorie Green IT concerne uniquement les systèmes d’information.
La définition de l’INR
Un numérique responsable dessine, pour tous les citoyens et toutes les organisations, un présent et un avenir tant humains qu’économiques et assure un développement durable de nos sociétés sur une planète aujourd’hui fortement bouleversée par l’activité humaine.
Définition issue du MOOC de l’INR .
Un peu plus loin on voit que le numérique responsable est découpé en quatre catégories :
- Green for IT (que j’appellerais Green IT) : réduire l’impact environnemental du numérique
- IT for Green : aider l’environnement grâce à des outils numériques
- Human for IT : réduire les impacts sociaux causés par le numérique
- IT for Human : améliorer l’empreinte sociale et économique d’autres processus grâce au numérique
J’aime beaucoup cette définition qui permet de bien cerner que le numérique responsable ne se résume pas simplement à des aspects environnementaux.
Toutefois, le Human for IT tel que présenté par l’INR se concentre trop sur les mêmes sujets que le GreenIT à mon goût. J’aurais préféré mettre en valeur les problématiques de fracture numérique, d’accessibilité et d’inclusion.
Le positionnement de Latitude
Sur sa page d’accueil , Latitude n’emploie à aucun moment le terme “numérique responsable”. Pourtant, on retrouve tous les aspects proposés par l’INR dans les 6 pilliers :
- Une tech engagée correspond à Utiliser le numérique pour rendre le monde meilleur
- Une tech sobre correspond au Green IT
- Une tech citoyenne est un axe inclus dans Raisonner les usages
- Une tech accessible est un axe inclus dans Outils pour tout.e.s
- Une tech diverse est un axe inclus dans Outils pour tout.e.s
- Une tech respectueuse de l’humain est un axe inclus dans Raisonner les usages
Avec un telle catégorisation, on peut clairement parler de numérique responsable. On notera que Latitude est particulièrement impliquée dans les impacts sociaux du numérique.
Les 3 P du numérique responsable
Comment passer à côté des 3 P du numérique responsable que l’on trouve dans presque toutes les formations qui y font référence.
Les 3 P du numérique responsable sont :
- People (société)
- Planet (environnement)
- Profit (économie)
Diagramme de Venn tiré de la formation Impact du numérique & concepts clés d’éco-conception avec The Green Compagnon
L’idée derrière ce triptyque, c’est que le numérique doit certes s’intéresser aux problématiques sociales et environnementales, mais il faut également qu’il soit économiquement viable pour fonctionner.
C’est aussi une manière de montrer que certaines actions liées au numérique responsable permettent de faire des économies (allongement de la durée de vie du matériel, optimisation de l’utilisation de serveurs…) afin de le promouvoir au sein des entreprises.